Mots-clés : INFORMATION, POESIE
Le haïku, terme créé par le poète Masaoka Shiki, est une forme poétique très codifiée d'origine japonaise et dont la paternité, dans son esprit actuel, est attribuée au poète Bashō Matsuo.
UN HAIKU … C'EST UN POÈME
Le haïku est un poème ! Emprunté à une tradition autre et loin du souffle poétique occidental, le haïku peut sembler anodin au premier abord; en fait, il est banal ou sublime, tout se jouant sur la corde raide tendue entre le poète et le lecteur. Il diffère des autres textes brefs (proverbe, maxime, sentence, aphorisme ou poème bref), les sens et le concret du quotidien y dominent, l'abstraction et la généralisation en sont préférablement absents. La grande difficulté pour les débutants, c'est de vouloir trop dire, tout dire (fragmentaire, un seul détail doit suffire pour évoquer le tout), de vouloir faire très beau (le haïku est un poème "vrai").
Sa principale caractéristique est de "dire l'instant dans l'instant", de situer dans le temps et l'espace, tel un polaroïd. Il est en même temps l'expression du permanent et de l'éphémère. La convivialité du haïku en fait un poème facile d'accès, notamment par sa simplicité apparente, sa pratique se démontre toutefois tout autre.
Sa seconde caractéristique est sa brièveté. Il est traditionnellement composé de 17 syllabes, réparties sur trois lignes (5/7/5 syllabes). Il est souhaitable de respecter cette pratique lors de premiers contacts avec le haïku; il faut quand même savoir que les grands maîtres ne se sont pas laissés contraindre par cette pratique.
Le haïku est un genre avant tout descriptif, ce qu’on nomme en littérature une " image visuelle ". C'est un poème souvent humoristique, mais il peut être triste ou mélancolique.
Le haïku peut être divisé en deux grands sous-genres. Le premier peint la nature et chante les saisons. A travers elles, il permet l'expression de tous les sentiments et de toutes les émotions.
Le second peut pratiquement aborder tous les sujets : il excelle notamment à évoquer les banalités de la vie quotidienne, les bonheurs minuscules, les petits tracas, les choses qui n’intéressent personne... bref ! le haïku peut être le poème de tous ceux qui n’ont rien à dire...
© André DUHAIME 2009
Quelques petits exemples trouvés ici et là pour illustrer :
Bonheur ce matin
Quelques petits exemples trouvés ici et là pour illustrer :
Noir le soir breton
appréhendant la tempête
dans le blanc silence
Gaëtan Lecoq
Gaëtan Lecoq
La chambre noire
Comme son révélateur
Percent le mystère
Anne-Marie Delpi
Anne-Marie Delpi
caresse furtive
sur son visage endormi
l'ombre de ma main
Jimmy Poirier
Jimmy Poirier
Bonheur ce matin
Ton parfum sur le papier
Dans ma boîte à lettres
Avis de tempête
dans la boîte de sardines
la mer reste d'huile
Hélène Duc
Hélène Duc
Haïkus japonais classiques
(Extraits des ouvrages de Maurice Coyaud, Roger Munier et Gaston Renondeau)
Le voleur
M’a tout emporté, sauf
La lune qui était à ma fenêtre.
Ryokan
Sur les écrans de papier
Elles font des arabesques
Les chiures de mouches.
Issa
Quand elle fond,
La glace avec l’eau
Se raccommode.
Teitoku
Et pour finir, l'un des miens :
Le vent m'emporte,
ma mie de pain à la main,
je procrastine"
Et pour finir, l'un des miens :
Le vent m'emporte,
ma mie de pain à la main,
je procrastine"